Ouf! La rentrée est passée

Toujours la même appréhension de ne plus savoir faire.
Toujours  la même crainte de ne pas être prête.
Toujours la même excitation teintée d'angoisse qui me fait passer une très mauvaise nuit.
Toujours le même coup de speed, la dernière demi-heure avant, avec les 10 000 derniers détails à régler.
Toujours cette même impression d'avoir l'air un peu bête, quand le portail s'ouvre et que j'attends les premiers élèves devant le panneau où est affichée la liste de la classe.
Toujours la peur que les parents soient déçus de voir que c'est avec moi que leurs enfants passeront l'année.

Et puis les élèves arrivent, l'air inquiet, et comme je me mets à les rassurer j'en oublie ma propre angoisse.
Et puis on retrouve quelques têtes connues auxquelles on se raccroche pour se donner du courage.
Et puis finalement, les nouvelles têtes sont souriantes et sympathiques, et personne ne fera d'histoire cette année encore pour qu'on change son enfant de classe, malgré ma grossesse très visible, qui fait poser quelques questions, tout de même, mais sans plus.
Et puis on monte en classe, on se présente, on fait l'appel de la cantine, on distribue les premiers cahiers:
ça y est, on a déjà oublié que c'est la rentrée, qu'on avait peur et pas envie de se lever. Les gestes bien connus reviennent tout seuls peu à peu, les mêmes phrases qu'on n'avait plus prononcées depuis 7 semaines, ressortent de la bouche, comme si il n'y avait pas eu de vacances... La journée passe vite, bien remplie, ne me laissant pas un instant de répit.

Je rentre chez moi et me rends compte que je suis épuisée, que pour la première fois depuis le début de l'été mes chevilles ont enflé et ressemblent à des pieds d'éléphant. Je n'ai pas la force d'ouvrir le travail rapporté.

Heureusement, aujourd'hui c'est mercredi...
Mais le vent souffle fort comme s'il voulait balayer avec lui les heures douces de l'été, renversant au passage le pot de fuchsia qui fait toute ma fierté...
Je viens de me préparer des muffins beaucoup trop caloriques pour être raisonnables...
Evidemment, j'en ai déjà mangé un, n'attendant pas l'heure du goûter et manquant de me brûler car ils sortaient tout juste du four...

Allez! Maintenant que j'ai bien repris des forces, je vais me remettre au travail avant que ma Juliette ne se réveille de sa sieste!

Comments

[verveinecitron]

Eh, oui... il faut bien se dire que les enseignants sont presque autant stressés que leurs élèves... et parfois plus! Si j'avais su cela dans ma "jeunesse", ça m'aurait aidée à relativiser, moi qui était (déjà) une grande angoissée...

[myosotis]

Cela me fait plaisir (en quelque sorte), moi, de lire qu'un prof (donc, par nature, un supérieur) est aussi stressé. Cela me permet de relativiser dans d'autres situations. Finalement, tout le monde est un peu stressé par l'Autre.